— Prends garde, mon frère : si l’amour t’empoigne, tu n’es pas de ceux qu’il épargne !…
— Tu parles du grand amour !… Qu’en sais-tu, mon petit Jean ?…
— J’en sais que je mourrais, si tu m’étais arraché, dit-elle, avec passion ; j’en sais que ma tendresse n’est rien auprès du grand amour qui terrasse !… Les femmes savent cela de bonne heure !…
— Alors, tu me juges frappé mortellement, répondit-il, vivement ému par le cri d’affection de Jeanne. La force des choses qui me défendent d’aimer la fille d’un athée ne te rassure donc pas !…
— L’amour défie les autres forces… Mais tu es fort, tu es un homme !… Relève le défi : lutte contre elle, et triomphe !… Mais prends garde !…
— Prendre garde ? Ai-je besoin d’y songer ? Ne suis-je pas armé contre un tel amour ? La solidité de ma foi est une muraille entre elle et moi ! La loyauté que je dois aux miens est un viatique assuré contre la fille d’un sectaire ! Ma carrière patriotique ouvre un gouffre entre l’incroyante et le Canadien-Français ! Elle sera