Page:Bernier - Au large de l'écueil, 1912.djvu/62

Cette page a été validée par deux contributeurs.
60
au large de l’écueil

— Ton cœur saigne sur ta robe de mousseline ! dit Jules.

— Et le tien, sur ta chemise blanche ! lui répondit-elle.

— C’est l’apothéose du Château-Frontenac !

— Ou celle de l’Université Laval !

— Les bateaux-passeurs crachent de la fumée rose !

— Regarde les feux de joie sur la côte de Beaupré !

— C’est pour te fêter, Jules !

— Tout cela, Jeanne, ne vaut pas le carmin de tes lèvres !

— Ou de celles de la Parisienne ! railla la jeune fille, qui s’en repentit aussitôt : Jules, d’une voix anxieuse, lui demandait avec une interrogation de tout son être :

— Que veux-tu dire, petite sœur ?…

— Oh ! presque rien !

— Femme, va ! mais réponds-moi donc ! la supplia-t-il. Tu ne m’échapperas pas !… Je la veux, l’explication que je demande… Je te connais si bien… Dans ta voix moqueuse, il y avait un soupçon, je ne sais quelle inquiétude,