Page:Bernier - Au large de l'écueil, 1912.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.
58
au large de l’écueil

tableaux géants, là-haut, ne sont plus que des taches d’ombre. Les apôtres, dont le buste médite, s’enveloppent des premières ténèbres. L’atmosphère est imprégnée de mille choses saintes : le parfum des retraites, la voix des prêtres, les chants sacrés, les invocations des philosophes et des petits écoliers, les accents de l’orgue, les appels du Sanctus reviennent dans le silence. Dans le chœur où la nuit commence à descendre, la bougie tremblante rappelle au frère et à la sœur l’éternelle Lumière.

— « Mon Dieu, je vous remercie de m’avoir conservé les miens ! disait l’âme forte de Jules. Entourez-les de votre paix souveraine !… Donnez-moi le courage de ceux qui vous aiment !… Je vous confie le rêve patriotique auquel je consacre l’intelligence et la volonté que je vous dois !… Si vous le croyez juste, faites-le triompher ! » Puis, s’attendrissant soudain, il ajouta : « Soyez clément à Marguerite, cette amie d’un jour, quand vous l’appellerez à votre éternité ! »

— « Que vous êtes bon de m’avoir redonné mon frère ! murmurait l’âme timide de Jeanne. Ne me le reprenez jamais !… Bénissez-le dans son