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au large de l’écueil

enracinées. Un intérêt palpitant les avaient suspendues à leurs lèvres. Si le père eût cru le rêve de Jules réalisable, il se serait rallié à l’âme canadienne, mais le passé faisait de lui un sceptique incorrigible. Toutefois, l’éloquence, l’énergie de pensée, dont son fils venait de lui donner la preuve entraînante, l’enorgueillissaient, le rendaient sympathique à ce qu’il appelait une chimère de jeunesse. Il se rappela les élections fédérales prochaines.

— Mon fils, dit-il je comprends que le débat est clos pour l’instant… Mes doutes restent… Mais j’admire la noblesse de ton ambition, je lui offre même l’occasion de se donner cours… Les élections pour Ottawa auront lieu le premier Septembre… Les électeurs du comté de Salaberry me demandent… Vas-y, toi !…

— Oh ! mon père ! quelle joie ! s’écria Jules, dont le visage s’illumina. C’est donc vrai !… Mais je ne suis qu’un égoiste !… J’oublie les services que vous rendriez à notre race !… Non, la chose vous appartient, mon père !…

— Voilà ta chance d’aller prêcher ta croisade pour l’âme canadienne !… Essaye, mon fils : qui sait l’avenir ?…