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au large de l’écueil

Qu’ils s’imaginent la façon dont ils accueilleraient l’attaque aux croyances de leur berceau !… Nous aimons le Canada : les souffrances et les joies de vivre y attachèrent nos aïeux, les nôtres nous le rendent plus cher, le rendront plus cher à nos fils ! Ils ne peuvent nous refuser une part dans l’avenir canadien !… Ils l’aiment, eux aussi, la terre divine de Cartier ! Elle est à eux, nous ne leur en voulons pas, mais qu’ils nous laissent, avec eux, la faire grande !… Non, mon père, l’âme canadienne n’est pas un rêve, c’est la réalité prochaine Ce n’est pas notre ambition patriotique, nos droits, notre langue, notre religion que les Anglais abhorrent, c’est le défi qu’ils croient trouver dans chacune de nos revendications… Ils se trompent, il n’y a de défi que dans la mesure où ils le prennent ainsi !… Il n’y a pas de défi, quand nous réclamons !… Cela paraît ainsi, parce qu’on se méfie de nous… Le jour arrive où ils comprendront que notre attitude ferme n’est pas une bravade, où, perdant de vue l’offense qu’ils y voient toujours et qui n’y est pas, ils se mettront à notre place et réaliseront que, dans la situation qui nous est faite, ils défendraient aussi