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au large de l’écueil

libre les pousse à disperser les Congrégations enseignantes, cela se comprend, mais qu’ils arrachent aux malades et aux pauvres ces héroïnes de douceur et de charité, cela me dépasse !… Ce ne sont plus des patriotes qui gouvernent, c’est la haine !… C’est le régime des bourreaux despotes !… Oh ! ce n’est pas un doute sur toi que j’exprime. Je m’indigne, parce que j’en éprouve le besoin… Les sachant de concert avec ces gredins, tu n’aurais pas fraternisé avec ces Français !… Je te connais trop bien, tu es trop mon fils, trop Canadien-Français, pour avoir élevé au rang d’amie, ne fût-ce qu’un jour, la fille de l’un de ces gens-là ! Avec eux, on est courtois, mais on ne va pas plus loin !… »

Augustin Hébert avait la colère prompte, la rancune tenace. Les francs-maçons de la France, qu’il appelait les assassins de l’Église, lui avaient toujours inspiré l’horreur la plus profonde. À chaque nouvel assaut contre l’édifice catholique, il sentait la fureur lui bouillonner dans les artères, et sa phrase, alors, se précipitait, mordante et sans merci. Jules avait hérité du même emportement contre eux. Il avait l’habitude d’activer le feu qui enflammait les lèvres de son père.