Page:Bernier - Au large de l'écueil, 1912.djvu/309

Cette page a été validée par deux contributeurs.
307
au large de l’écueil

agonisant, et sa foi en la cure surnaturelle, au lieu de s’effondrer, décuple et s’embrase toujours. Des accents pathétiques et des cris d’adoration surgissent des sources les plus mystérieuses d’elle-même.

— « Grande Sainte, il faut me sauver, implore-t-elle, en ce moment. Je suis venue à vous de tout l’élan de mon être… Je crois en votre sourire, je ne le vois plus, mais je me souviens de lui, quand, pour la première fois, il y a si peu de jours, il me semble, je fus si étrangement ravie par sa douceur… Je ne l’ai pas oublié, il est fait de tendresse et de paix indicible, il palpite en moi, je sens qu’il n’est pas menteur, qu’il rayonne du Dieu qu’il possède à jamais… Je vous demande pardon, mon Dieu, de vous avoir banni si souvent de mon cœur, vous savez pourquoi je fus ingrate : on m’avait donné tant d’armes contre Vous, il a bien fallu que je me batte, que je Vous repousse… Oh ! comme je regrette de ne pas Vous avoir connu plus tôt !… Maintenant rien en moi ne Vous outrage, toute mon âme Vous accueille et Vous garde, et je Vous aime de tout l’amour que j’aurais eu pour Vous, si Vous m’aviez été enseigné dès le premier jour.