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au large de l’écueil

Dans la nef elle-même, au-dessus des laques lugubres et des bancs solitaires, autour des colonnes à demi fantastiques, la clarté du jour s’assombrit de ténèbres flottantes. C’est presque la nuit dans les profondeurs des chapelles latérales. Au grand autel de marbre sans tache, un prêtre déroule en harmonie les gestes sacrés de la messe, et les anges, pieusement adorateurs sur le baldaquin où ils planent, unissent leurs prières à la sienne. Tout le sanctuaire frémit d’une suavité mystérieuse et d’un calme étreignant l’âme.

Aux pieds de la Thaumaturge canadienne, Marguerite et Jeanne, prostrées, ferventes, inlassables, murmurent une supplique longue et passionnée. Toute leur âme vibre et se tend vers le ciel. Les yeux de la petite Québécoise, dardés sur le visage ineffablement doux et bon de la sainte, luisent d’un appel ardent. Ceux de la Parisienne, plus impuissants de seconde en seconde, ont toujours plus de peine à distinguer la forme obscure de la Statue qui s’éloigne. L’enthousiasme de Marguerite s’active sans cesse et l’imprègne de chaleur sainte et d’espoir. Elle voit les dernières lueurs s’esquiver de son regard