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au large de l’écueil

m’a volé mon enfant ! Le misérable ! l’hypocrite ! je le hais, je le maudis !…

— Jules n’est ni un lâche ni un hypocrite ! s’écrie Jeanne, dont le sang, fouetté au vif comme par des lanières, se rebelle.

— Il m’a ravi la joie par excellence de ma vie, rétorque Gilbert, à qui le visage menu de Jeanne, si vibrant, si fier, si beau dans sa faiblesse en courroux, en impose. Il est le meurtrier de mon bonheur, dites qu’il n’est pas un misérable !…

— Je le redis, mon frère n’est pas un lâche !… Il n’a pas essayé de faire le catéchisme à Marguerite, cela, je l’affirme, il est trop généreux pour cela !… Il a respecté son incroyance, j’en suis certaine !… Dignes l’un de l’autre, furent-ils criminels de s’aimer ?… Mon frère agir en fourbe, en larron, en serpent ? C’est faux, vous le dis-je !…

— N’est-ce pas lui qui lui insuffla le poison du ciel ?…

— Et d’abord, ce n’est pas un poison, Monsieur Delorme, s’écrie Jeanne, violente, puisque Dieu est la source de la vie même !… Qui vous assu-