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au large de l’écueil

Slaves au foyer, ils seront Canadiens dans la vie nationale…

— Ne croyez-vous pas que cela soit irréalisable ? Il faut que le plus fort absorbe le plus faible, c’est l’histoire, répondit Gilbert.

— Cela ne sera pas, si les chefs de partis ont le cœur assez haut pour étrangler les rancunes de races et respecter les libertés de chacune dans la contribution de chacune à l’essor de la patrie commune…

— Mais ces chefs ?… interrompit le Français.

— Ils paraissent avoir été victimes, jusqu’ici, de la violence des passions, de l’incertitude de l’idéal… Aujourd’hui, un mouvement sourd se fait dans les profondeurs de la vie canadienne… La poussée en est venue jusqu’à eux… Ils verront bientôt clair dans l’action une qu’ils auront à poursuivre…

— Cela est intéressant, j’aurai désormais l’œil sur l’évolution de votre pays, conclut Gilbert, un peu sceptique.

— Et il est ravissant, votre pays, Monsieur Hébert ! s’écria Madame Delorme : j’adore, surtout, un arbre superbe que vous devez connaître. Cette île en foisonne ; en voici, là.