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au large de l’écueil

réel… Alors, une autre cueillera les tendresses de votre âme…

— Vous ne m’aimez donc pas !… Ce serait vous oublier, cela !… Si vous m’aimiez, vous ne me demanderiez pas d’en aimer une qui ne serait pas une autre vous-même !…

— Vous le savez bien, que je vous adore, Jules !… Vous avez rêvé, disiez-vous… Que sont les rêveries d’un homme auprès de celles qui éclosent dans le cœur d’une jeune fille ?… On dirait que nous ne sommes nées que pour espérer le bonheur !… Nous devenons femmes en l’espérant… Celles qui n’espèrent plus espèrent encore… Celles qui connurent l’extase un jour, la revivent à jamais !… Je serai de celles-là, je vous le jure !… Je vous fis la confidence d’un rêve fait de soleil et de printemps… Il commençait à perdre ses feuilles, lorsque soudain il rencontra la source… Si tant de femmes n’ont que des amours qui filent à tire-d’aile, c’est qu’elles aiment pour des motifs qui n’atteignent pas les profondeurs d’elles-mêmes !… Vous m’avez prise toute entière, vous avez répondu à tout le vibrant appel de mon être !… Votre fierté m’ennoblit, votre force me captive, votre éloquence