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au large de l’écueil

l’eau paisible qu’ils sillonnent d’ombre. L’Île d’Orléans s’écrase sur le fleuve, et la verdure des feuillages, l’éclat des toits et des prairies s’estompent dans une buée d’or. L’Île-aux-Grues, la Grosse-Île et d’autres que la lumière nimbe de rayonnements doux, évoquent les îles des mythes et des légendes. Un paquebot, dont la carène semble minuscule, paraît immobile dans sa course libre et sereine. Les côtes de Bellechasse et de Montmagny dessinent leurs méandres infinis dans une brume aux pâleurs d’encens qui fume sur les autels. Il jaillit, du tableau colossal, une vaste impression de mystère apaisant, de bonheur sublime, de force éternelle et d’horizons immenses.

— Que je vous remercie de m’avoir conduite en ce lieu superbe ! finit par dire Marguerite, enthousiaste et reconnaissante. J’en associe la noble et grande beauté aux souvenirs les plus empoignants qui enchantent ma mémoire… Vous souvenez-vous, Monsieur Hébert, du jour presque semblable où le « Laurentic », là même, nous emportait vers Québec ?…

— Si je m’en souviens ! répond-il, à voix basse. Ignorez-vous que je m’en souviendrai toujours ?