Page:Bernier - Au large de l'écueil, 1912.djvu/246

Cette page a été validée par deux contributeurs.
244
au large de l’écueil

— Qu’ils sont heureux ! crie Jeanne, enthousiaste. Ce n’est que la deuxième fois que je viens, moi, et je n’y verrai pas encore lever le soleil…

— Et moins heureuse encore, je n’y serai venue qu’une fois, murmure la Française, que la pensée du départ hante. Vous y reviendrez, Jeanne…

— Pourquoi ne pas revenir au Canada, Marguerite ? interrompt la petite Canadienne, avec un élan de toute elle-même.

— C’est pour toujours que je pars, que je dois partir…

— Je ne veux pas, moi, s’écrie Jeanne, impulsive et se révoltant. Je veux vous revoir !…

— Venez en France, alors, Jeanne…

— Que j’aimerais à voir la France, à vous y revoir !… Mais qui viendra avec moi ? dit-elle, songeant à l’abîme entre Jules et Marguerite qui ne trouvent pas de réponse.

— Ce n’est pas vrai que vous partez, que je ne vous reverrai plus ! redit Jeanne. Je n’ai pas eu le temps d’apprendre à vous aimer comme