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au large de l’écueil

que fait engloutir par le gouffre hideux de son christianisme !…

— Vous l’outragez, mon père, et chacune de vos invectives me fait saigner le cœur autant que si vous me les adressiez !… Comprenez vous, il m’est infiniment cher, et l’outrager, c’est m’outrager moi-même !… Vous n’êtes pas coupable de flageller, vous ne pouvez faire autrement !… Mais c’est à vous que je le dois, si je l’aime !…

— C’est moi qui t’ai enseigné que les catholiques méritaient l’amour de ma fille ! s’écria-t-il, d’une voix tranchante et railleuse. C’est vraiment trop fort !… Tu badines, et ce n’est pas le temps des mauvaises plaisanteries !… Tu te moques de moi que tu vénérais plus que tout au monde… Comme il t’a changée, mon enfant !…

— Non, mon père, j’ai pour vous le même amour et la même vénération !… Si vous pouviez lire dans mon cœur tout ce que je vous y sacrifie, vous ne douteriez plus que je vous adore plus que jamais !… Oui, il s’est emparé de mon âme de jeune fille, mais c’est autant votre faute et la mienne que la sienne, s’il en est maître aujourd’hui !… Vous m’avez prêché…