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au large de l’écueil

auriez fait de la jolie besogne, et ma vieillesse en aurait été rajeunie sans cesse… Un catholique va enchaîner ton rêve désormais ? Ah non, je me révolte à croire cela !… Tu as peur que je t’écrase de ma colère ?… Mais non, petite fille, je ne songe plus à châtier !… C’est faux, tu ne l’aimes pas, te dis-je !… C’est une admiration à fleur de cœur pour un joli garçon !… Dis-moi, tu ne lui as pas donné ton âme de jeune fille !… Je comprends qu’il t’aime, lui !… Je lui en voudrai éternellement d’avoir osé t’aimer !… Je sens que je l’ai en horreur, maintenant, que je l’exècre !… N’est-ce pas que c’est faux, que tu as, maintenant, la répugnance d’un tel amoureux, que tu exagères l’impression qu’il t’a faite ?… Demain, tu l’oublieras !… N’est-ce pas que tu commences à rougir de cet amour ?

— Je n’ai pas le droit de renier mon cœur !… Je sens, mon père, que je n’oublierai jamais cet homme !…

— Ah ! malheureuse ! je t’implore, je me traîne presqu’à genoux pour te supplier d’immoler cet amour, et tu n’hésites pas à briser mon espoir, à faire crouler l’idole que tu es dans mon âme de père et que je voulais sauver !… Tu