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au large de l’écueil

je commence à le détester, à lire sur son visage du mensonge et de la fourberie… Il ne te l’a pas dit qu’il t’aime, mais s’il te l’a fait voir, c’est déjà trop de sans-gêne, trop d’insulte !… J’en ai le pressentiment horrible, il t’aime, et tu le sais !… Dis-moi qu’il t’aime, tu ne m’as jamais menti, petite fille…

— Je suppose qu’il m’aime… Y a-t-il de la honte à se sentir aimée par un jeune homme chevaleresque et noble ?… Quelque chose me dit qu’il a pour moi la tendresse la plus loyale et la plus flatteuse, et que jamais homme aura pour moi le respect religieux dont il m’entoure… Sa délicatesse est impeccable, il ne m’a fait aucun reproche de mes idées païennes, il ne me parla de sa foi que le jour où je l’en priai… Il y mit une réserve admirable, dont vous l’auriez loué vous-même… Ah ! si vous saviez comme il est fort et superbe, intelligent et sympathique, vous ne lui feriez pas un crime de m’avoir aimée !… La passion vous suggère un langage indigne de votre bon cœur !… S’il m’aime, j’en suis fière, et son amour me charme et m’enrichit !…

— Ainsi, tu sens papillonner autour de toi le désir intense d’un catholique maudit, s’écrie Gil-