Marguerite, dès la première seconde, attendrit le meilleur et le plus profond de moi-même… Je l’aimai tout de suite, sans le savoir, avec l’inexpérience de l’amour, entièrement, d’un culte souverain, d’une passion merveilleuse… Et lorsque, de sa voix si douce, elle m’avoua son panthéisme abominable, la souffrance que j’en eus me fit avoir pitié d’elle, et j’oubliai qu’elle blasphémait Dieu pour l’adorer dans la créature si belle dont Il illuminait un instant ma route… Près d’elle, je n’eus pas honte, je me sentais fier et capable de tous les héroïsmes, infiniment heureux… Je ne vous répondis pas, c’est vrai, mon père, je ne pouvais pas vous répondre… Vous m’auriez défendu de voir Marguerite, et elle m’était déjà chère au point que tout mon être voulait ne pas la perdre encore…
— Tu l’aimes ! c’est donc là ta seule raison de m’avoir humilié, de m’avoir trahi, d’avoir lâché les tiens !… Selon toi, l’amour est immaculé, d’où il vienne et quoi qu’il fasse ! Il a parlé, je dois me taire !… À quel degré de mollesse en es-tu rendu ? Est-ce qu’on aime la fille d’un athée ? N’est-elle pas inséparable de son paganisme, et puisqu’elle narguait ton Dieu, ne de-