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au large de l’écueil

faire une bonne leçon de foi canadienne-française, tu lui pardonnes, tu l’excuses, tu en fais ton amie, tu t’affiches au milieu de tout Québec, tu laisses croire à tous que tu l’aimes !…

— Si vous vouliez m’écouter quelques instants, vous seriez moins sévère peut-être…

— Que peux-tu dire ?… Je te défie d’avoir une excuse !… Tu as fraternisé avec les ennemis de notre foi !… Comment as-tu dégénéré à ce point ?… Vos idées libérales d’aujourd’hui vous affaiblissent, vous préparent aux lâchetés !… Le Canadien-Français, au fond de toi-même, ne s’est donc pas révolté contre un pareil voisinage ?… Tout ce que tu adores, ils l’exècrent ; tout ce que tu veux défendre, ils travaillent à le mettre en pièces !… Ils viennent, au Canada, se moquer de nous, railler notre ignorantisme et nous outrager dans ce que nous avons de plus sacré !… Ils nous vilipendent, et toi, par je ne sais quelle mollesse, tu les admires tu rampes devant eux, tu t’abaisses à leur plaire et à leur sourire !…

— Mon père ! supplia Jules.

— Et pourtant, je croyais t’avoir façonné un autre moi-même, t’avoir inculqué ma haine des persécuteurs du Christ !… Ils sont horribles,