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au large de l’écueil

— Oui…

— Le savais-tu, quand tu fis leur connaissance ?…

— Non, mon père…

— Quand l’as-tu appris ?…

— Au troisième entretien que j’eus avec la jeune fille…

— Et tu n’as pas eu horreur d’elle, tu n’as pas fui ces misérables ?…

— Hélas, non, mon père…

— Te proposais-tu de les revoir ?…

— Oui…

— Eh bien, tu ne les reverras pas, je te l’ordonne !… Tu les as trop vus, c’est déjà trop de honte !… Tu savais bien que les potins circulent à tire-d’aile ici… Tout Québec sait qui ils sont, tout Québec en parle… On te pense amoureux de la jeune fille… Tu t’es compromis, tu t’es avili, tu m’as déshonoré !…

— Le reproche est bien cruel, mon père…

— Mais pourquoi as-tu fait cela ?… Dès qu’elle a blasphémé le Dieu qui est le tien, qui est le nôtre et celui de ta race, comment n’as-tu pas rougi de rester près d’elle ? À la fréquenter, tu aurais dû la haïr !… Mais non, au lieu de lui