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au large de l’écueil

timent plus fort que ma volonté d’alors me tyrannisait… Maintenant, elle est inattaquable, elle défie l’amour, elle en est maîtresse, elle lui a mis le talon sur la gorge !… C’est affreux, tout de même, ils ne mentirent donc pas, ceux qui me disaient que l’amour sans espérance déchire et torture !… Oh ! qu’ils sont heureux, ceux qui, ne l’ayant jamais connu, raillent éternellement l’amour !…

— Courage, mon fils, ne sommes-nous pas là ?… Nous te guérirons à force de tendresse… Fidèle à ta race, à ses traditions, c’est à nous que tu l’es. En nous aimant davantage encore, tu oublieras la chose douloureuse… Je te promets d’être meilleure que je ne le fus jamais, je te comblerai d’amour, je m’ingénierai à faire l’amertume plus douce, à répandre le calme en ton âme, à te donner l’illusion du bonheur… Tu guériras, mon fils, elle deviendra le souvenir tendre et lointain, la blessure que le temps cicatrise en l’entourant d’une auréole…

— Vous ne songez pas à l’action qui vous accapare, vous étourdit, vous endort !… Je travaillerai sans relâche, je donnerai au labeur tout ce que j’ai de force morale et physique, je tuerai le