tout lui avouer maintenant… Oh ! que cela me fera du bien !…
— Je te le défends ! s’écrie l’abbé Lavoie, effrayé. Je t’ai excusé, moi… Coudoyer la misère humaine apprend bien des choses, élargit la vision de la pitié, multiplie le pardon… Ton père ne comprendrait pas cet amour… Il ne connut jamais autre chose que le principe rigide… Implacable, il te condamnerait d’avoir une douceur où tout son grand cœur d’apôtre aime la fille d’un sectaire, il en aurait tant de peine… Ah non, prends bien garde, il ne faut pas qu’il sache, il te maudirait peut-être !…
— Pour lui, je serais un lâche…
— Oui, mon fils…
— Pauvre père !… Je comprends… La vie est bien étrange, parfois…
À ce moment, le timbre de la porte est agité de coups secs dont les harmoniques tranchants se répercutent dans l’âme du jeune homme et celle de l’abbé. Celui-ci va ouvrir : Augustin Hébert courbe sa longue taille pour franchir le seuil du presbytère.
— C’est ton père, Jules ! s’écrie l’abbé.
— On m’a dit qu’il était ici, dit Augustin. Viens, mon fils, que je t’écrase les mains dans