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au large de l’écueil

— Son père a-t-il des tares qui souillent ?…

— Vous ne pouvez pas le deviner, c’est pour cela que je suis un lâche, mon père…

— Mais dis-le moi donc, mon enfant, tu ne vois pas que je souffre !…

— C’est la fille d’un athée, murmure le jeune homme, en courbant la tête sous l’orage qui viendrait.

Pendant quelques minutes, le silence est affreux pour Jules Hébert. Le prêtre le regarde avec une commisération tendre.

— Comment as-tu pu faire cela ? demande enfin le curé, d’une voix concentrée par l’émotion qu’il éprouve.

— Je ne puis vous le dire, balbutie le jeune homme, tremblant, mais si heureux d’avoir parlé.

— Tu ne le savais donc pas ?…

— Oui, mon père, dès l’une des premières entrevues…

— Où l’as-tu connue ?…

— Au retour, à bord du paquebot…

— Comment te l’a-t-elle dit ?

— Elle m’a dit qu’elle ne croyait pas au Dieu dont j’adorais la puissance devant l’Océan vaste…