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au large de l’écueil

une voix qui chante, une âme tissée de tous les charmes et de toutes les noblesses… Mon rêve de jeunesse prend vie en elle, et c’est l’idéal espéré que j’aime dans son profil pur, alors qu’elle est silencieuse… Vous avez raison, je n’ai pas à rougir de mon vieux professeur d’honneur et de beauté, quand je pense à elle…

— Alors, pourquoi m’avoir alarmé de la sorte ? Dis, mon fils, il ne s’agit que d’un obstacle entre vous, il ne peut être sérieux… L’amour se moque des empêchements futiles !… Sans épines, l’amour n’a pas de roses !…

— Hélas ! je n’en suis que plus coupable d’avoir aimé, lorsque l’obstacle se dressait devant moi, m’interdisant l’amour ! Un gouffre isole nos cœurs, et c’est pour la vie…

— Que veux-tu dire ? Je ne comprends pas !… Les parents de la jeune fille auraient-ils des répugnances ?… Qui ne serait fier d’unir sa fille à la noble lignée des Hébert ?…

— Pas cela…

— Est-elle du peuple ?… Ton père a l’âme trop belle pour mépriser la fille d’un ouvrier, si tu l’as jugée digne de toi !…

— Je le sais…