Une détonation formidable crève dans l’air. Le canon de la Citadelle annonce à la foule qu’il est neuf heures et demie. Jules se souvient. Il est sauvé.
— Mademoiselle, dit-il, je regrette de vous laisser… Il faut que je parte ce soir…
— Puisqu’il le faut, je vous suis, murmure-t-elle, avec un tel chagrin qu’ils en demeurent silencieux, tout le long de leur marche à travers la foule moins touffue. Rassasiés d’air et de bruit, beaucoup de promeneurs ont abandonné la Terrasse, et les rangs s’émiettent. Il y a moins de jouisseurs autour des bougies roses. Jules escorte la Parisienne jusqu’à la porte latérale du Château-Frontenac.
— Au revoir, Monsieur le député, dit Marguerite, gentille.
— Au revoir, princesse, répond-il, avec un regard profond.
— À bientôt, beau chevalier, reprit-elle, en le regardant longuement, et Jules, pendant quelques secondes, a le cœur plein d’elle comme un vase qui déborde…
Et pendant qu’elle gravit l’escalier de pierre, il reste là, frémissant, effaré, espérant que les