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au large de l’écueil

— Et le peuple, en rangs cordés, se presse autour de la chanson d’amour !…

— Les gamins, sur la pelouse, s’amusent comme des fous, s’étourdissent de liberté !…

— L’amour de leur pays jusqu’à la mort frémit dans la colonne fraternelle à Wolfe et Montcalm !…

— Regardez aller ces deux enfants du peuple… Ils ont lu, dans leurs yeux, l’ivresse au fond de leurs êtres !…

— Et ce vieux couple… Ils se ressemblent, à force de s’être aimés !…

— Là-haut, la sentinelle incarne l’amour du drapeau !…

— La barque file toujours et s’éloigne, dit la jeune fille, revenant au Saint-Laurent calme.

— Ta main me grise d’amour ! songe le Canadien.

Elle est si près de son cœur. Elle pend avec grâce. Il a fallu des générations pour la rendre aussi belle, aussi parfaite. Il devine l’ossature fine sous le modelé pur. La paume a des courbes charmantes. Les phalangettes minuscules doivent effeuiller les roses à ravir. Elle n’a appris que les besognes délicates, effleuré les pages des