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au large de l’écueil

bon air pour toute la semaine accablante à l’usine…

— Au fait, vous apercevez là, tout près du fleuve, une fabrique immense, dit Jeanne. Bien souvent, les travailleuses regardent furtivement la Chute qu’elles aiment, et cela étanche leurs fronts que la sueur inonde…

— Plus loin, dans les prairies de l’Île, ajoute Jules, les moissonneurs, assommés de rayons brûlants, regardent au loin le flot géant, et cela les repose et les rafraîchit…

— Cela nous bat, gens d’Europe, interrompit soudain Gilbert, dont la voix inattendue les fait tressaillir tous. Vraiment, nous n’avons rien de semblable !…

— Je vous en fais mes compliments, Monsieur le Canadien, ajoute Madame Delorme, dont le costume et la coiffure en font une apparition de grâce voltigeante. Les Chutes du Rhin ne valent pas les vôtres, n’est-ce pas, Gilbert ?…

— Puisque vous avez la gentillesse d’admirer les beautés de mon pays, Monsieur et Madame Delorme, voulez-vous joindre Jeanne, ma sœur, aux compliments que vous m’en faites ? dit Jules.