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au large de l’écueil

et des pulsations rapides violentent ses artères. Dès l’heure où son intelligence a pris contact à la croyance virile et saine de Jules Hébert, la jeune fille a senti poindre en elle un doute de son incroyance. Ce ne fut qu’un malaise, à l’origine, et quelque chose d’un peu vague : mais l’atmosphère de religion chaude au sein duquel elle a respiré le souffle de la foi canadienne-française, l’a pénétrée peu à peu de son ardeur, et la paix de sa conscience a sombré devant les assauts multiples. Elle sait bien que, des deux antagonismes en présence, un seul a faibli, et que ce n’est pas celui de Jules Hébert. Ce jour-ci, plus que tout autre antérieur, avive la crise de son âme. Devant le surnaturel que tout dans la Basilique lui impose, elle a voulu attribuer à l’extase poétique le silence grave que fait descendre en elle ce tableau de grandeur humaine, dresser contre lui toutes les résistances de la libre-pensée victorieuse. Mais la même sensation pénible revient toujours à la rescousse, attaque des régions encore inexplorées de son être. Est-ce, comme l’a dit le Canadien, la voix des aïeux qui crurent, cette rumeur aux profondeurs secrètes d’elle-même ? L’au-delà qu’il lui avait toujours