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au large de l’écueil

— Nous n’osions pas encore nous le dire, répondait l’inconnue.

— J’ai prié la bonne Sainte-Anne pour que tu m’aimes, reprit l’autre.

— Et moi, je la priais pour que tu continues à m’aimer.

— Tu le savais donc, ma Pierrette ?…

— C’était si facile à voir, mon Jean !…

— Dis donc, nous allons offrir nos fiançailles à la Sainte, reprit Jean, après un silence.

— Oui, elle les bénira ! dit Pierrette.

— Quand les choses iront mal, nous reviendrons la voir…

— Et nous serons toujours heureux…

Jules et Marguerite jalousent la tendresse des jeunes campagnards. Ils songent combien doit être suave à l’âme cet amour simple, ingénu, sans complications, sans analyse, sans obstacle, sans partage, éternel. Il fait revenir les heures où ils ont rêvé pareille douceur, pareille extase. Ils sentent la faim d’amour creuser leurs cœurs, et le besoin de l’assouvir n’a jamais été aussi intense en eux. Ils savent que leurs regards s’appellent, mais quelque chose retient leurs visages loin l’un de l’autre. Marguerite commence à