Page:Bernier - Au large de l'écueil, 1912.djvu/105

Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
au large de l’écueil

leure bête à sa plus belle voiture, court entendre pieusement la messe où il retrempe son courage et nourrit son âme d’idéal… L’épouse est lourde, assez souvent… Elle ignore les cosmétiques, les bains scientifiques et la dernière trouvaille des modes… Avant l’âge, elle courbe… Sa beauté des premiers jours s’envole aux heures du labeur… C’est que, toute la semaine, elle se gerce les mains, se brise les reins, cuisine au poêle rouge ou se plie jusqu’aux sillons… Mais, le dimanche, elle rajeunit, tire de l’humble tiroir une robe longtemps neuve, agrafe un chapeau joli, puisqu’il n’est pas celui de tous les jours, et retrouve, aux pieds de l’autel, la force du devoir et la jeunesse du cœur… Les enfants feront comme eux, s’ils en sont dignes… C’est la campagne canadienne-française qui défile… Elle a l’écorce un peu rude, le langage un peu sans façons, mais voyez les yeux francs, les torses bombés, les épaules fermes, les gars solides, les filles puissantes… Eh bien, j’en suis fier, et je l’admire… Laissons-nous traîner par le peuple fort !…

Et les deux jeunes filles et le jeune homme se laissent rouler par la vague des pèlerins. Le quai