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rouge, et un orchestre invisible joue un air du Chalet : Arrêtons-nous ici… Je souris à cette gaminerie bien française. Je descends… et je marche au milieu d’une haie de visages souriants, bienveillants, de marins m’offrant des fleurs.

Sous la tente, tous les sauveteurs m’attendent, leurs médailles si bien méritées sur leurs larges poitrines. Le président, M. Grosos, m’adresse cette allocution :

Madame,

Comme président, j’ai l’honneur de vous présenter une délégation de la Société des Sauveteurs du Havre, qui vient vous souhaiter la bienvenue et vous témoigner toute sa reconnaissance pour la sympathie que vous avez si chaleureusement exprimée par votre dépêche transatlantique. Nous venons aussi pour vous féliciter du succès immense que vous avez obtenu partout où vous avez passé pendant votre hardi voyage. Vous avez maintenant conquis dans les deux mondes une popularité, une célébrité artistique incontestable, et votre merveilleux talent joint aux charmes de votre personne a affirmé à l’étranger que la France est toujours le pays de l’art et le berceau de l’élégance et de la beauté.

Un écho déjà lointain des paroles prononcées par vous en Danemark, évoquant un souvenir grave et triste, frappe encore nos oreilles. Il répète que votre cœur est aussi français que votre talent, car au milieu des fiévreux et brûlants succès du théâtre, vous n’avez jamais oublié d’associer votre patriotisme à vos triomphes artistiques.

Nos sauveteurs m’ont chargé de vous exprimer leur admiration pour la charmante bienfaitrice dont la main, généreuse s’est tendue spontanément vers leur pauvre mais noble société ; ils veulent vous offrir ces fleurs cueillies sur le sol de la patrie, sur la terre de France, où vous en trouverez sous vos pas. Elles méri-