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XXXIV


Le lendemain, ou plutôt le jour même, car il était quatre heures du matin, je partais pour Boston. M. Abbey, mon imprésario, m’avait fait aménager un car délicieux, qui n’était pourtant pas encore le merveilleux Pulman, car je ne devais le prendre qu’après Philadelphie pour continuer ma tournée. Néanmoins, en entrant dans le compartiment qui m’était réservé, j’éprouvai un grand plaisir : un véritable lit de cuivre, large et doux, tenait le milieu de la petite pièce, un fauteuil, une jolie toilette, une corbeille enrubannée pour mon chien, et des fleurs partout, mais des fleurs sans parfum cruel.

Tout près de moi, dans le compartiment touchant le mien, mon personnel particulier était fort bien installé.

Je me couchai contente, et m’éveillai à Boston. Une grande foule nous attendait à la gare : des reporters, beaucoup de curieux et de curieuses, public plus intéressé qu’amical, sans malveillance et sans enthousiasme.

J’avais tellement occupé l'opinion à New-York