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Tous les amis présents prièrent Duquesnel de leur remettre au plus vite l’itinéraire de la tournée, car chacun voulait me voir dans ces deux pièces, dans lesquelles je venais de remporter de si grands succès en Angleterre, en Belgique et en Danemark.

Duquesnel promit l’itinéraire ; et il fut convenu qu’on tirerait au sort les visites, dans un petit sac où chaque ville serait inscrite avec sa date et le titre de la pièce.

Huit jours après, Duquesnel, avec qui j’avais signé, revint avec l’itinéraire complet et la troupe formée. Cela tenait du prodige.

Les représentations devaient commencer le samedi 4 septembre ; il y en avait vingt-cinq ; et le tout, du jour du départ au jour du retour, devait durer 28 jours. Ce qui fit appeler cette tournée : Les vingt-huit jours de Sarah Bernhardt, tels les 28 jours d’un bourgeois dans les obligations de son service militaire.

La petite tournée eut un succès formidable ; et je ne me suis jamais plus amusée que dans cette artistique promenade. Duquesnel organisait des excursions, des fêtes, en dehors des villes.

Au début il avait préparé, croyant me faire plaisir, une visite dans les musées. Il avait écrit d’avance de Paris prenant jour, date et heure. Les conservateurs eux-mêmes s’étaient offerts à me montrer les plus belles choses. Puis les maires avaient préparé les visites aux églises et aux monuments célèbres.

Quand, la veille de notre départ, il nous montra le monceau de lettres annonçant l’aimable réponse de chacun, je poussai les hauts cris.

J’ai l’horreur de visiter les musées avec des gens qui m’expliquent... Je connais à peu près tous les musées de France, mais je les ai visités quand cela m’a plu, et