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On abrégea les heures d’étude pour se consacrer à fabriquer des guirlandes de roses et de lis. Le grand et haut fauteuil en bois sculpté fut découvert pour le frotter, le vernir, etc. Nous faisions des suspensions couvertes de cristallins. On arracha l’herbe de la cour… que sais-je, moi, ce qui ne fut pas fait pour l’honneur de cette visite !

Deux jours après l’allocution de la doyenne, mère Supérieure nous lut le programme de la fête :

La plus jeune des religieuses devait lire un compliment à Monseigneur. C’était la délicieuse sœur Séraphine.

Puis Marie Buguet jouerait un morceau de piano de Henri Herz.

Marie de Lacour chanterait une chanson de Loïsa Puget.

Puis on jouerait une petite pièce en trois tableaux écrite par mère Sainte-Thérèse : Tobie recouvrant la vue. J’ai là sous les yeux le petit manuscrit jauni et déchiré, et je n’en puis guère déchiffrer que le sens et quelques phrases :


Premier tableau : Les adieux du jeune Tobie à son père aveugle. — Il jure de lui rapporter les dix talents prêtés à Gabélus, son parent.

Deuxième tableau : Tobie endormi au bord du Tigre. — Il est veillé par l’ange Raphaël. — Combat contre un poisson monstre qui avait attaqué Tobie endormi. — Le poisson tué, l’ange conseille à Tobie de prendre le cœur, le foie et le fiel du poisson, et de les conserver pieusement.

Troisième tableau : Retour de Tobie chez son père aveugle. — L’ange lui conseille de frotter les yeux de