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XXX


Les jours qui suivirent cette rentrée de la Comédie dans son foyer furent très énervants pour moi. Notre administrateur voulait me mater et, pour cela, il me faisait souffrir par mille petits coups d’épingle plus douloureux pour une nature comme la mienne que les coups de couteau. (Je le pense du moins, car je n’en ai jamais reçu.)

Je devenais malade, irritable et de méchante humeur à propos de tout. Moi si gaie, je devenais triste. Ma santé toujours chancelante se trouvait plus en péril par cet état de choses.

Perrin me distribua le rôle de l’Aventurière. Je n’aimais pas ce rôle, je détestais la pièce, et je trouvais les vers de L’Aventurière de mauvais, très mauvais vers. Comme je sais mal dissimuler, je le dis nettement à Émile Augier dans un accès de colère. Il s’en vengea d’une façon discourtoise à la première occasion qui lui fut offerte.

Cette occasion fut ma rupture définitive avec la