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par une église laide. Je ne pouvais répondre à cette question.

Mais Jarrett avait prévu le coup ; et j’appris le lendemain que j’étais enthousiaste de la beauté de Londres, que je connaissais déjà un tas de monuments, etc., etc..


Vers cinq heures, la charmante Hortense Damain qui était très aimée de la société anglaise, vint me prévenir que la duchesse de*** et lady de R*** viendraient me rendre visite à cinq heures et demie. « Oh ! reste avec moi, lui dis-je, tu sais comme je suis sauvage. Je sens que je serai stupide. »

A l’heure dite, on m’annonça les visiteuses. Ce fut mon premier contact avec l’aristocratie anglaise ; et j’en ai conservé un souvenir plein de charme. Lady de R*** était une beauté parfaite, et la duchesse, d’une grâce, d’une distinction et d’une bienveillance qui me laissèrent très émue de sa visite.

Lord Dudley vint quelques instants après. Je le connaissais beaucoup ! Il m’avait été présenté par le maréchal Canrobert, un de mes plus chers amis. Il me demanda si je voulais monter à cheval le lendemain matin. Il avait un très joli cheval de dame à ma disposition. Je le remerciai ; mais je voulus d’abord me rendre au Rotten row en voiture.

A sept heures, Hortense Damain vint me chercher pour aller dîner chez la baronne M. de***. Elle habitait une jolie maison à Princess Gate.

Il y avait une vingtaine de personnes,, entre autres le peintre Millet. On m’avait dit qu’on mangeait très mal en Angleterre : je trouvai le diner parfait. On m’avait dit que les Anglais étaient froids et gourmés : je trouvai