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d’une de ses innombrables poches. Et Perrin put lire :

Vous plaît-il de venir jouer La Nuit d’Octobre chez Lady Dudley le jeudi 5 juin ? On nous donnera cinq mille francs pour nous deux. Amitiés. — Delaunay.

« Laissez-moi cette lettre ? me dit l’administrateur contrarié. — Non, je ne veux pas. Mais vous pouvez dire à Delaunay que je vous ai dit son offre. »


Pendant trois ou quatre jours, il ne fut question à Paris, dans les journaux, dans les discussions, que de l’annonce scandaleuse du Times. Les Français, alors très peu anglicanisés, ignoraient les us et coutumes de l’Angleterre.

Enfin le tapage m’énervait à un point tel, que je priai Perrin de le faire cesser ; et le lendemain, parut dans Le National du 29 mai :

Beaucoup de bruit pour rien. — Dans une conversation tout amicale, il est demeuré convenu qu’en dehors des répétitions et des représentations de la Comédie -Française, chaque artiste était libre d’employer son temps à sa guise. Il n’y a donc absolument rien de vrai dans la prétendue querelle que la Comédie-Française ferait à Mlle Sarah Bernhardt. Cette artiste n’a fait qu’user d’un droit strict que personne ne songe à lui nier et dont tous ses camarades ont l’intention de profiter également. L’administrateur de la Comédie-Française a simplement demandé à MM. et Mmes les Sociétaires de ne pas donner de représentations en corps . . . . . . .

Cet article émanait de la Comédie, et les membres dm comité avaient profité de cela pour se faire une petite réclame annonçant qu’eux aussi étaient disposés à jouer