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Perrin, très ému, me tendit les deux mains, et m’attirant à lui : « Oh ! la bonne et l’indomptable petite créature ! » Nous nous embrassâmes, et la paix fut de nouveau conclue.

Mais elle ne pouvait durer longtemps, car, cinq jours après cette réconciliation, vers neuf heures du soir, on m’annonça M. Émile Perrin. J’avais du monde à dîner. J’allai néanmoins le recevoir dans le hall ; me tendant un papier : « Lisez cela », me dit-il. Et je lus dans un journal anglais, The Times, ce paragraphe que je traduis :

Comédies de salon de Mlle Sarah Bernhardt,
sous la direction de Sir... Benedict.

Le répertoire de Mlle Sarah Bernhardt se compose de comédies, proverbes, saynettes et monologues écrits spécialement pour elle et un ou deux artistes également de la Comédie-Française. Ces comédies se jouent sans décors ou accessoires et s’adaptent, à Londres comme à Paris, aux matinées et soirées de la haute société. Pour tous les détails et conditions, prière de s’adresser à M. Jarrett (secrétaire de Mlle Sarah Bernhardt), au Théâtre de Sa Majesté . . . . . . .

En lisant les dernières lignes, je compris que Jarrett, apprenant que décidément je venais à Londres, avait commencé son petit travail de réclame.

Je m’en expliquai avec Perrin en toute franchise. « Pourquoi voulez-vous, lui dis-je, que je n’utilise pas mes soirées à gagner de l’argent, puisque la chose m’est offerte ? — Ce n’est pas moi, c’est le comité. — Ah ! elle est forte ! » m’écriai-je. Et appelant mon secrétaire : « Donnez-moi la lettre de Delaunay que je vous ai donnée à garder hier. — La voici », fit-il en la sortant