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XXIV


Un jour, on m’annonça Alexandre Dumas fils. Il venait me donner la bonne nouvelle qu’il avait terminé sa pièce pour la Comédie-Française, L’Étrangère, et que mon rôle, la duchesse de Septmonts, était très bien venu. « Vous pouvez, me dit-il, vous tailler là un beau succès ! » Je lui exprimai toute ma joie reconnaissante. Un mois après cette visite, nous fûmes convoqués à la Comédie pour la lecture de L’Étrangère.

La pièce eut un grand succès de lecture, et moi j’étais ravie de mon rôle, Catherine de Septmonts. Je trouvais, du reste, très bien aussi le rôle de Croizette : Mistress Clarkson.

Got nous remit à tous nos rôles copiés, et, pensant qu’il faisait erreur, je passai à Croizette le rôle de l’Étrangère qu’il venait de me remettre, lui disant : « Tiens, Got se trompe, voilà ton rôle. » Elle me répondit un peu sèchement : « Mais non, il ne se trompe pas, c’est moi qui joue la duchesse de Septmonts. » Je fus prise d’un fou rire inextinguible qui stupéfia tous les assistants.

Et quand Perrin agacé me demanda pourquoi je