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poussant des cris de folle. A partir de ce moment, tout Paris sut que je couchais dans mon cercueil ; et les cancans vêtus d’ailes de canards prirent leur vol dans toutes les directions.


J’avais une telle habitude des turpitudes écrites sur mon compte, que je ne m’en inquiétais guère. Mais, à la mort de ma pauvre petite sœur, un incident tragicomique se produisit : Quand les croque-morts se présentèrent dans la chambre pour enlever la morte, ils se trouvèrent en face de deux cercueils, et, perdant la tête, le maître de cérémonies envoya chercher un second corbillard en toute hâte. J’étais alors près de ma mère qui avait perdu connaissance, et je revins à temps pour empêcher les hommes noirs d’emporter mon cercueil. Le second corbillard fut renvoyé, mais les journaux s’emparèrent de cet incident. Je fus blâmée, critiquée, etc., etc.

Ce n’était pourtant pas ma faute.