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Maman, qui lisait les feuilletons de Sarcey dans L’Opinion Nationale, me fit chercher de bonne heure et me lut elle-même ces lignes :

Mlle Bernhardt, qui débutait hier dans Iphigénie, est une grande et jolie jeune personne, d’une taille élancée et d’une physionomie fort agréable ; le haut du visage surtout est remarquablement beau. Elle se tient bien et prononce avec une netteté parfaite. C’est tout ce qu’on peut dire en ce moment.

Et m’attirant à elle : « Il est idiot, cet homme, tu as été charmante. » Et elle me préparait elle-même une petite tasse de café au lait avec de la crème. J’étais heureuse, mais pas complètement.

Quand mon parrain vint, l’après-midi, il s’écria :

Mon Dieu, ma pauvre petite, que tu as les bras maigres ! » Et de fait, on avait un peu ri. Oh ! j’avais bien entendu, quand, étendant le bras vers Eurybate, je lui avais dit le fameux vers dont Favart tirait un effet qui était devenu tradition… Oh ! je n’en avais tiré aucun effet, moi, si ce n’est un effet de sourire contre mes longs bras maigres.


Mon second début eut lieu dans Valérie, où je remportai un petit succès. Et mon troisième début valut à la Comédie cette boutade du même Sarcey :

xxx L’Opinion Nationale, 12 septembre. — On jouait le même soir Les Femmes savantes, pour le troisième début de Mlle Bernhardt qui remplissait le rôle d’Henriette. Elle y a été aussi jolie et aussi insignifiante que dans ceux de Junie… — il se trompait, c’était Iphigénie — …et de Valérie dont elle avait été chargée auparavant. Cette représentation a été bien pauvre, et donne lieu à des réflexions qui ne sont pas gaies : que Mlle Ber-