c’est très bien, cela. Voilà M. Provost et M. Beauvallet qui veulent vous avoir dans leur classe. »
Je reculai un peu quand il me montra M. Beauvallet. C’était le ventriloque qui m’avait fait si peur.
« Eh bien, lequel de ces messieurs préférez-vous ? »
Je ne répondis pas et montrai du doigt Provost.
« Voilà qui est parfait. Ramassez votre mouchoir, mon pauvre Beauvallet. Je vous confie cette enfant, mon cher Provost. »
Je compris, et m’écriai, folle de joie : « Alors, je suis reçue ! — Oui, vous êtes reçue ; et je n’ai qu’un regret, c’est que cette jolie voix-là ne soit pas pour la musique. »
Mais je n’entendais plus. J’étais folle de joie. Je ne remerciai personne. Je courus vers la porte.
« Mon petit’dame, Mademoiselle… Je suis reçue ! » À leurs pressions de mains, à leurs questions, je ne répondais que : « Oui, oui, je suis reçue ! »
On m’entourait, on m’interpellait : « Comment savez-vous que vous êtes reçue ? — On ne le sait jamais d’avance. — Si, si, moi, je le sais ! C’est M. Auber qui me l’a dit ! J’entre dans la classe de M. Provost ! M. Beauvallet voulait de moi, mais je n’ai pas voulu. Il a une trop grosse voix ! »
Une méchante fille exclama : « As-tu fini !… on s’m’arrache ! »
Une jeune fille jolie, mais trop brune pour mon goût, s’approcha doucement : « Qu’est-ce que vous avez dit, mademoiselle ? — J’ai dit la fable des Deux Pigeons. »
Elle s’étonna. Tout le monde s’étonna. Et j’étais heureuse à mourir de joie, parce que j’étonnais.
Je campai mon chapeau sur ma tête, je bousculai ma robe trop cuite, et j’entraînai mes deux amies dans