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dans les nuages.

— Vous n’avez rien ?… vous êtes complète ?… Avez-vous eu froid ?

Une dame d’une quarantaine d’années s’avance… elle est très-pâle.

— Vous nous avez bien tourmentés, ma chère enfant, dit-elle d’une voix douce et grave.

— Chère Madame Guérard, remettez-vous ; je n’ai rien de cassé… et je me suis tant amusée ! dit doña Sol en l’embrassant affectueusement. Puis, se dégageant de toutes ces étreintes, elle supplie en grâce qu’on la laisse rentrer chez elle.

— Mais quittez donc cette chaise, dit un gentleman en essayant de me prendre.

— Non, non ! ne touchez pas à ma chaise… que personne ne touche à ma chaise ! Tiens, Félicie, je te la confie, dit-elle à sa jeune camériste. La jeune femme à laquelle on me confiait était une jolie brune, spirituelle et douce, le vrai petit majordome de la maison. Elle me transporta dans une immense pièce remplie de tapis (mon rêve !), de palmiers et d’objets de toutes sortes. Oh ! que j’étais heureuse ! Je regardais, je regardais… Mais quelle ne fut pas ma terreur en apercevant, perché sur un grand vase, un cygne blanc empaillé, puis, dans le vase, un grand palmier et sur les tiges de ce palmier deux singes dans les bras l’un de l’autre,