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dans les nuages.

— Voyons comme qu’elle est ? disaient les femmes.

Un enfant m’aperçut.

— Ah ! une chaise pendue à l’envers du ballon. Quelle drôle d’idée, une chaise en ballon !

— C’est pour l’équilibrer, fit un chapeau melon.

Georges Clairin sauta à terre, et voulut enlever doña Sol.

— Mais non, mais non, je ne veux pas descendre… On m’a promis un petit traînage… je veux mon petit traînage.

— Ah ! ce sera pour la prochaine fois, Madame. Les éléments sont contre vous. Il faut accepter aujourd’hui cette banale descente.

Doña Sol se laissa enlever en soupirant ; le peintre la posa doucement à terre et la foule l’entoura aussitôt.

— Ah ! la Madame, disait une fillette en touchant sa robe.

— Ah ! sainte Marie ! c’est moi que je ne confierais pas ma peau à c’te machine, dit, en se signant, une vieille paysanne ridée, courbée, noircie.

— Ce serait dommage, la mère ; le pays perdrait son plus beau morceau et monsieur le curé sa plus jeune brebis.

La petite troupe éclata de rire.

Doña Sol avait été remplacée dans la nacelle par un grand gaillard. Il en fut ainsi de chaque voyageur. Mais vraiment c’était inutile pour la jeune femme. Elle lestait plutôt le ballon qu’elle ne le chargeait. Les trois paysans tenus par