Page:Bernhardt - Dans les nuages - impressions d'une chaise, 1878.pdf/62

Cette page a été validée par deux contributeurs.
52
dans les nuages.

— Bah ! Nous verrons bien.

Le ballon descendait toujours, mais doucement.

L’aéronaute jetait du lest, puis ouvrait la soupape ; enfin il opéra cette descente d’une façon remarquable, et, bien que l’opinion d’une chaise de bois lui importe peu, je lui fais quand même mes compliments.

Des paysans étaient accourus. La nuit estompait le paysage et tout prenait un aspect plus dramatique.

— Allons, vous autres, là-bas, prenez la corde qui traîne, et surtout ne tirez pas trop fort.

À ce moment je regardai le ballon et je fus frappée de stupeur. Lui, si rond tout à l’heure, était maintenant allongé, fripé. Il balançait le bas de sa jupe au-dessus de la nacelle. Oh ! il était bien vilain !

Les paysans s’étaient saisis de la corde et allaient la tirer à eux quand l’aéronaute leur cria de n’en rien faire.

— Ah ! ne tombons pas dans la mare !

En effet, au-dessous de nous une petite mare nous menaçait : en quelques minutes elle fut dépassée.

— Allez, maintenant, les enfants, à la corde et doucement.

Cinq hommes vigoureux prirent la longue corde. Nous étions à 120 mètres de terre, et je vous assure que, pour une chaise qui n’a jamais voyagé, c’était un spectacle bien étrange. La nuit maintenant nous enveloppait. Rien ne