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temps en temps, et laisse appercevoir à travers une perspective admirable de nuages lumineux, de magnifiques montagnes de cent cinquante lieues de hauteur et de trois à quatre cents de longueur. Herschel réitere si souvent ces observations qu’il ne doute pas que le soleil ne soit une planete habitable.

Ainsi un bon observateur, secondé d’un bon instrument, renverse tous les calculs de Newton et des Newtoniens, sur les écumes flottantes du soleil, sur les planetes terrestres qui en étoient sorties, sur la mollesse primitive de ces mêmes planetes, et sur la force centrifuge qui en avoit déprimé les poles en soulevant leur équateur, quoiqu’elle n’ait plus aujourd’hui la force de soulever une paille sur notre globe, et qu’au lieu d’y trouver ses plus hautes montagnes projettées d’orient en occident, on n’y voit que le plus grand diametre de ses mers, et par conséquent la partie la moins élevée de sa circonférence.

Je pense que le système de Newton, qui a décomposé la lumiere en sept couleurs primitives, quoiqu’il n’y en ait réellement que trois, et que son système de l’attraction universelle, éprouveront des objections encore plus fortes que celui du mouvement des cometes qui vont servir de pâture aux feux d’un soleil qui ne brûle point. Herschel, à l’aide de son télescope, a découvert à six cent millions de lieues de nous une nouvelle planete avec des volcans, huit ou dix satellites, un anneau double comme celui de Saturne, et si bien double que l’intervalle des deux moitiés concentriques lui a servi de lunette pour observer une étoile qu’il appercevoit au-delà. Notre