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en planetes, et se mettent aussitôt à tourner autour de lui. Au reste, cet astre ne les éclaire que par hasard, car il est, par rapport à elles, dans une proportion de grosseur telle que celle de la plus volumineuse citrouille comparée à une douzaine de petits pois.

C’est ici qu’il faut se servir contre le grand Newton de sa propre devise, devenue depuis celle de la société royale de Londres, et qui est sans doute celle de tout ami de la vérité, Nullius in verba : « Ne jurons par les paroles de qui que ce soit ». Newton a calculé la chaleur d’une comete dans le voisinage du soleil, et il l’a trouvée deux mille fois plus ardente que celle d’un fer rouge. Selon lui, les cometes sont destinées, pour la plupart, à alimenter ses feux. Cependant il auroit dû se rappeler que les rayons du soleil n’avoient point de chaleur en eux-mêmes, qu’ils n’en acquéroient sur notre terre qu’en s’harmonisant avec notre atmosphere, et qu’il gele perpétuellement dans nos zônes torrides, sur les sommets des hautes montagnes qui ont seulement une lieue de hauteur perpendiculaire, parceque l’air trop raréfié ne peut s’échauffer par ses rayons. On pourroit encore objecter l’océan, les végétaux, et les animaux de notre globe, qui n’ont jamais pu sortir d’un soleil liquéfié.

Enfin un musicien allemand, Herschel, perfectionne en Angleterre le télescope de Newton. Il en grossit six mille fois les objets qu’il observe, et il découvre que le soleil n’a rien qui ressemble à une fournaise. Il voit distinctement que c’est une planete d’un ordre supérieur à la nôtre, entourée d’un atmosphere de lumiere, de quinze cents lieues de hauteur, ondoyante, qui s’entrouvre de