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n’ayant point de zônes maritimes dans leur voisinage, n’en reçoivent ni exhalaisons, ni neiges, et par conséquent étant sans éclat, échappent à notre vue. Au reste, il est possible que les trois méditerranées, disposées en anneaux autour de Jupiter, soient cause de la rapidité de sa rotation sur lui-même, qui est de 9 heures 36 minutes, quoiqu’il soit la plus grosse de nos planetes. Si notre terre, beaucoup plus petite et plus voisine du soleil, ne tourne sur elle-même qu’une fois en vingt-quatre heures, ne serait-ce pas parceque ses deux océans n’ont que des cours obliques qui se croisent en partie ? Je ne m’engagerai pas plus avant dans cette question, quoique le célebre Mairan ait été plus loin. Il a calculé que « la différence qui est entre le poids de la partie inférieure d’une planete tournée vers le soleil, et celui de la supérieure qui ne l’est pas, est capable de produire sa rotation d’occident en orient. »

On peut appliquer ce que je viens de dire des bandes de Jupiter, aux échancrures périodiques de Mars, aux bandes de Saturne, etc. Je ne parlerai point des satellites ni des anneaux qui réchauffent les planetes de leurs reflets. Il paroît que dans tous ces astres il y a des océans ou fluides, ou glacés, ou en évaporation, qui sont les moteurs de leurs mouvements et de leur fécondité. Le soleil en est le premier agent ; c’est l’Apollon de notre système. Comme je l’ai déjà dit, il varie sans cesse les cordes de sa lyre pour en tirer de nouveaux airs. Si j’en avois le temps je me permettrois quelques réflexions sur le satellite que nous connoissons le mieux, et sur lequel nous sommes le moins d’accord. Comment la lune peut-elle attirer nos mers, sans attirer