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foyers, comme on le peut voir sur les cartes de géographie ; par les traditions des Chinois, dont les annales attestent que le soleil resta fixe plusieurs semaines consécutives dans une seule constellation ; ce qui occasionna, non un embrasement, comme on l’avoit craint, mais un déluge dont la Chine fut inondée ; enfin par les traditions des prêtres de l’Égypte, qui assurerent à Hérodote que le soleil s’étoit levé deux fois à l’occident et deux fois à l’orient ; ce que l’on ne peut attribuer qu’aux diverses inclinaisons des poles de la terre, et à ses mers, qui en varient, dans le cours des siecles, les pondérations et les mouvements.

Les planetes, qui tournent autour du soleil, paroissent soumises à des harmonies semblables. Elles ont leurs axes différemment inclinés ; leurs moteurs sont les mêmes, mais ils ont d’autres directions ; chacune à un ou plusieurs océans, non pas dirigés du nord au sud, comme notre Atlantique, mais d’orient en occident, à proportion qu’elles s’enfoncent dans les zônes célestes glaciales. Mais avant d’aller plus loin, je prendrai la liberté de réfuter quelques erreurs de physique accréditées, depuis long-temps, parmi les astronomes. Ils prétendent que les parties resplendissantes des planetes en sont les montagnes et les rochers, et que les parties sombres en sont les mers. Pour moi, je pense que c’est le contraire. Si on découvre une isle, en pleine mer, elle apparoît comme un nuage obscur, et la mer qui l’environne comme un lac argenté. Il en est de même d’un fleuve ; on l’aperçoit au milieu des campagnes comme un long serpent d’argent et d’azur, tandis que les collines de l’horizon sont d’un bleu noirâtre. Enfin si