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levent, et toutes les physionomies changent. Il annonce à madame de la Tour que cet argent est destiné au départ prochain de sa fille. Madame de la Tour, tournée vers elle, lui propose d’en délibérer. Virginie et son ami Paul sont dans l’accablement ; Domingue, qui n’a jamais vu tant d’argent à la fois, en est dans l’admiration ; enfin jusqu’au chien Fidele a son expression. Il flaire le gouverneur, qu’il n’a jamais vu, et témoigne par son attitude que cet étranger lui est suspect. J’observerai ici que la figure de M. de la Bourdonnais a le mérite particulier d’être ressemblante. Elle a été dessinée et retouchée d’après la gravure qui est à la tête des Mémoires de sa vie. On me saura gré sans doute de donner ici une notice du physique et du moral de ce grand homme. J’en suis redevable à sa propre fille, Madame Mahé de la Bourdonnais, aujourd’hui veuve de Monlezun Pardiac, qui a honoré cette édition de sa souscription. Dans une de ses lettres, où elle se félicite de concourir à un monument qui intéresse la gloire de son pere, voici le portrait qu’elle me fait de sa personne.

« Mon pere avoit de beaux yeux noirs, ainsi que les sourcils ; son nez étoit long et sa bouche un peu grande… Il avoit peu d’embonpoint. Il étoit de taille médiocre, n’ayant que cinq pieds et quelques lignes de hauteur, d’ailleurs se tenant très bien. Il portoit une perruque à la cavaliere qui imitoit les cheveux… Son air étoit vif, spirituel, et très gai…