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d’entre eux appelés à composer et à dessiner les magnifiques costumes du couronnement de l’empereur. Mais je fus bien plus retardé par les graveurs. Je suis fâché de le dire, quoique nous eussions signé mutuellement les époques auxquelles ils m’en devoient livrer les planches, aucun d’eux n’a rempli ses engagements. Ils m’ont donné pour excuse que la beauté des dessins les avoient menés bien plus loin qu’ils ne croyoient ; qu’ils étoient jaloux de rendre leur burin rival du crayon et du pinceau des grands maîtres. Cependant ils devoient considérer, avant tout, qu’ils étoient artistes, c’est-à-dire des professeurs de morale chargés, ainsi que les gens de lettres, de transmettre à la postérité des traits de vertu, et par conséquent d’en donner eux-mêmes l’exemple ; que la premiere base de la vertu est la probité, et celle de la probité de tenir scrupuleusement ses engagements ; qu’enfin en manquant de parole à ceux qui ont traité avec eux, ils les obligent à leur tour d’en manquer à d’autres, et les exposent de plus à des pertes considérables.

D’un autre côté, comme ces longs retardements ont contribué en effet à la perfection de mon ouvrage, je me sens obligé d’en témoigner ma reconnoissance. Je ne me tiens pas quitte envers eux du seul emploi de leur temps et de leurs talents, quand je les ai payés. Je me sens encore plus redevable au zele qu’ils y ont mis dans l’espece de concours où ils ont